ZAD d’Arlon

Ce matin je me réveille avec un viol de bois
La ZAD d’Arlon serait morte cette fois.
Acculée pendant la nuit, l’utopie serait finie.
La justice de ce pays en a décidé ainsi.

Je me réveille avec ce viol de bois.
Cette nature qu’on ne protègera pas.
Qui se bétonisera parce que le profit
est la seule loi qu’ils connaissent ici bas.

Je me réveille avec ce viol de bois
et je sens dans ma chair à moi
un déchirement lancinant
à quel temps se conjugue le présent
quand on nique le futur assurément ?

Depuis ma chair stérile
je contemple les imbéciles
qui procrée et chie des enfants
tout en détruisant leur avenir assurément.

Humains robotisé en perte d’humanité
aveuglés par les ordres et le devoir
obéir et servir tant pis pour l’avenir
tant pis pour l’écologie.

Je ne peux réprimer le goût de la rage
qui monte en moi quand je vois ce triste spectacle.
Culture patriarcale blanche en uniforme bleu de faction
Détruis le vert, le noir, le jaune et tout ce qui fait diversion.

Ce qu’ils veulent c’est le gris béton.
C’est qu’ils créent c’est de la dépression.
C’est qu’ils sèment c’est de la rébellion.
Ce qu’ils récolteront c’est une insurrection.

Je me réveille avec un viol de bois,
une gueule d’émois, de rage et de pourquoi.
Je sens mon coeurps qui bat,
qui crie pour sortir de cette cage.

Je réponds à son invitation.
Je répands mon indignation.
Je ne laisserai pas le béton se propager.
Sans réagir, ni m’insurger.

Je ne laisserai pas hommes blancs en costard
dictés la trajectoire de mes espoirs.
Ma colère est mauve paillette, radicale et rêvolutionnaire,
tu la récolteras, tu verras.

(texte écrit le 15/03)

Ode à la colère

Ô, toi, ma colère,
Je t’écris enfin une lettre
Une déclaration d’amour
Ça n’arrive pas tous les jours.

Longtemps, je ne t’ai pas aimée.
Je n’arrivais pas à t’apprivoiser
On m’a enseigné
Depuis que je suis petite fille
A surtout, ne pas t’exprimer.
Mais plutôt à te ravaler.
A te taire et te faire disparaitre
Dans les profondeurs de mon être.

Tu résonnais en moi
Fêlant mon inconscient
Cherchant à faire échos
A mes maux
Mais moi je te tournais le dos
Je n’avais pas les mots
Ni les codes
Pour te faire une juste place

A force de mise en garde
Contre ton pouvoir de destruction
Je t’ai mise en cage
Je pensais pour de bon

Et puis je t’ai comprise
J’ai senti ce que tu essayais de me dire
J’ai vu que tu étais ma force d’action
Celle qui me permettait d’agir sur le monde
La voix des limites franchies
Celle des frontières saines
Qui doit être exprimée
Pour être respectée.

Te taire n’a d’avantage que pour mes bourreaux
Pour les adeptes du statuts quo
Pour les lents changements
des petits colibris

Tu es une émotion tellement importante
Et tu n’es apprivoisée
que par une si petite partie de l’humanité
Trop souvent délaissée par celleux
qui auraient le plus besoin de t’invoquer

J’apprends lentement à t’écouter
Te ressentir et te dire
Tant pis pour l’image de la petite fille
Vive l’hystérique
si c’est comme ça que je dois être décrite.

Je crierai, je pesterai, je révolutionnerai
Mais ma manière de me lier à toi
dès aujourd’hui et jusqu’à ce que le silence nous sépare
C’est de te laisser parler.

La libérrance

Tant d’émois en mois
ces derniers mois
que je ne trouve plus les mots
pour mes maux

Al y a des hauts et des bas
mais je réponds ça va
un peu comme ça
pour ne pas dire que ça ne va pas

Que parfois je n’en peu plus
que je suis à bout
que tout me dégoute
et que je n’ai plus le goût

de rien.

J’aspire au silence
à la liberrance
à me sentir libre d’aller,
d’errer en paix

d’être.

Je vois des ombres
je fuis mon ombre
je ne veux pas croire
qu’al n’y ait que moi

qui ait cette clé
celle que j’ai tant cherché
partout autour
sans regardé

à l’intérieur.

Et là je trouve
une graine d’espoir
une germe de foi
une brèche de joie

je suis la clé

je n’ai plus à chercher
je peux me combler
je peux oser

créer.

je n’ai plus peur
de la peur
je l’ai écoutée
on s’est acoquiné

je peux créer ma liberté
j’ai ma clé
je suis aidée
je retrouve goût

à vivre.

Bitchounours

Par les temps qui court, les bitchounours accourent
c’est une horde organisée
d’êtres vivants
assoifæx de liberté
aspirant un peu plus chaque jour
au lien social, à la joie, aux mouvements spontanés
qui ferait leur grand retour

le temps dans les bulles, ces nouvelles cages,
tourmentent les bitchounours qui en ont marre d’être sages
la patience a été de mise
et des nouvelles chances ont été données
les mois ont passé
les changements annoncées
la vie est reconfinée
et puis surprise

toujours rien.

Pas de changement radical
surtout rien qui ne troublerait l’ordre social
dire que le covid vient du système patriarcal
blanc, validiste, neurotypique, hétéronormatif, raciste, néocolonial,
ça passe toujours aussi mal.

Les bitchounours ne sont pas dupes
als n’oublient pas
c’est parce que des hommes blancs, cis-genre, hétéro, cinquantenaires, racistes
gouvernent
que le covid est là.

Que l’oppression s’est juste encore plus renforcée
pour les personnes déjà fragilisées
les femmes, les trans, les personnes sans-papiers, les racisées, les musulmanes,
les pauvres, les grosses, les queer, les neuroatypiques, les malades chroniques,
les mal logées, les sans logement, les isolées, les violentées,
le covid ne fait qu’alourdir et rendre plus béant
le trou des inégalités
et le confort des privilégiés.

Ces hommes qui continuent de nier
et de s’accrocher
à leurs privilèges violés
à toutes les autres classes de la sociétés.

Les bitchounours ne sont pas dupes
als n’oublient pas
que leurs privilèges se sont acquis
dans la lutte de classe
et préparent la rêvolte
avec des feus de joies
qui brûleront les frontières
toutes mais surtout celles
des barrières mentales
qui n’imaginent pas sortir de ce système là.

Texte écrit en décembre 2020. Et qui n’a rien perdu de son actualité.

Le silence: ce virus qui nous tue touz depuis si longtemps…

Combien de cadavres cache-t-on dans les familles ? J’ai grandi pendant pas mal d’années en pensant que j’évoluais dans une famille fonctionnelle. Sans problèmes aucuns. Pas d’alcoolisme, de névroses, de secrets cachés. Tout le monde va bien. Sauf qu’en fait, tout le monde prétend, plus ou moins bien.

Dans ma famille comme dans presque toutes, al y a eu des soucis d’alcoolismes, de tromperies, de mensonges, des problèmes d’argent et surtout… de communications.

Le fond du problème pour moi se situe là. On apprend à parler mais pas à communiquer. Et la voix qu’on nous apprend à sortir n’est pas la nôtre mais bien celle qu’on nous met de force à l’intérieur. Une voix patriarcale. Aux femmes, on leur apprendra à taire leurs voix. ne surtout pas étaler leurs souffrances, sourire et prétendre que tout va bien. Servir les autres avec douceur. Elles auront droit à être émotives mais pas en colère. Et ne peuvent pas parler trop ou trop fort ou interrompre la parole des hommes. Les hommes eux seront éduqués pour parler avec raison, en laissant complètement béton leurs émotions. De toute façon un homme vrai ne souffre pas, pas vrai ?

L’apprentissage de la parole se fait donc pour qu’on ne puisse pas se comprendre, pas communiquer puisque parler de nos vulnérabilités n’est pas encouragé. Ca nous permettrait de voir probablement qu’on a plus de ressemblances qu’on ne le pense si on parlait de nos peines sincèrement. Et al n’y a pas d’intérêt à ce qu’on s’unisse. Ca pourrait être révolutionnaire !

On parle pour ne rien dire, on fait des small talks, on parle de la pluie et du beau temps et on répond ça va à peu près tout le temps. Quand on ose dire que ça ne va pas, faut voir la tête qu’on reçoit en face ! O.O » Les personnes sont décontenancées, elles auraient préférées la réponse habituelle pour ne pas devoir se mouiller. Je fais quoi avec un ça va pas ? Je sais pas gérer. Tendance à confondre le besoin d’exprimer avec sincérité un état d’âme et un besoin de prise en soin. L’écoute c’est déjà un soin qui peut-être suffisant dans pas mal de situations. Écouter attentivement. Sans interrompre. Ça s’appelle l’écoute active.

Depuis le mouvement #metoo, le pouvoir de la parole libérée se fait sentir. Mais al y a encore tellement de silence que l’on doit briser. Tellement de voix silenciées qu’al faudrait permettre d’être écoutées.

A chaque fois que tu sors ta voix authentique et sincère, tu contribues à guérir notre société du virus du silence. Merci pour ça ! Merci à toi !


Rêvolution

Quand est-ce qu’on fait la rêvolution ? Et comment ?

Déjà, al faut réaliser qu’al y a deux rêvolutions à mener de front. L’individuel et la collective.
Pour faire sa rêvolution personnelle, chacan fait quand al veut, quand al peut puisque c’est individuel.
Pour la rêvolution collective, al y a besoin d’un peu de monde. Pour exercer un rapport de forces sur les forces qui nous oppressent. Je suis pour des actions directes, subversives et festives. Parce que la joie et la magie peuvent nous amener à réaliser que le monde peut changer. Des blocages de pompes à essences avec des pistes de danse, des animaux enragés qui saccagent des panneaux publicitaires. On peut tout imaginer, tout est à repenser.

Avoir sa carte d’identité est limitant. Personne n’a envie de prendre une amende, assurément. Et c’est là que le pasceporc est intéressant. Être l’unique personne à le présenter devant les forces de désordre peut-être intimidant mais en groupe ça devient franchement marrant.


222 personnes ça pourrait être un bon chiffre pour commencer.


Tu imagines 222 personnes qui bloquent de manière festive et joyeuse des lieux de pouvoir ? Des pompes à essence? Toutes les personnes munies de leur passeport de T.R. Tu imagines ça ? La tête de la police…

Ce serait rigolo, non ?

Moi ça me tente trop ! Donc je te propose te me dire quand tu fais ton pasceporc et quand al y aura assez de monde, ce sera l’heure de la Rêvolution !

-> quand ton pasceporc est prêt et que tu veux participer à la rêvolution, tu peux m’envoyer un mail à youpi@feeniksrenee.care

Mon amour est rêvolutionnaire, mon intimité c’est là que je veux lutter.

Mon amour est rêvolutionnaire. Celui de moi à moi pour commencer. Parce que ça ne va pas de soi. De m’aimer moi, pour qui je suis, m’apercevoir vraiment et trouver que je suis une belle âme, ça ne coule pas de source. Le fardeau d’une femelle humaine. Faire partie du clan minorisé, minimisé, invisibilisé, sous-évalué, sous-estimé, silencié.

Éduquer dans la sensation que je n’étais pas dans le bon, vu mon sexe. Bienvenue dans le monde patriarcal qui te donne à croire que l’homme vrai c’est ce que tu dois être. Qu’importe ton sexe de naissance tu dois te plier à cette injonction de conformisme. Renier le con dont tu es sorti.e.x et essayer de te viriliser. De te déshumaniser. Oui, c’est ce que le mâle fait. L’homme vrai laisse derrière lui ses émotions et ses connexions sincères pour paraitre autonome et indépendant.

Tout en façade, assurément.

Société de l’image qui empêche de voir derrière les masques qu’on porte. Déjà bien avant la pandémie, évidemment. Donc j’ai grandi dans cette honte d’être moi. De cette vulnérabilité encombrante, de mes sentiments qui explosent tout le temps, de mes larmes qui coulent tels des torrents. Super souvent. Trop pour beaucoup de gens. Trop c’st ce que j’ai peur d’être tout le temps. Trop demandante, trop présente, trop sentimentale, trop extrême, trop en colère, trop collante. Trop, trop, trop. Trop moi. Cette peur d’être vrai et authentique c’est grâce à des thérapies que j’ai pu l’adoucir. Commencer doucement à m’aimer.

Être capable de percevoir ce que j’aimais en moi. Être fière de la personne que je suis. Pas tout le temps mais plus régulièrement. L’amour de soii ne vient pas comme ça. Pas dans une société qui vise à uniformiser les mentalités, qui brise les individualités, qui valorise les clichés, qui nous fait taire nos vulnérabilités et qui vante la masculinité toxique comme unique porte de réussite.

Pour s’aimer soi, ça demande du travail. Du temps, de l’énergie et de l’argent. Ca passe par panser des blessures d’enfance. Regarder les merdes accumulées au fur et à mesure des années et trouver des trucs pour les gérer. Affronter ses fêlures. Toutes ne pourront être cicatrisées. Mais les connaitre, les reconnaitre permet d’avancer. Mieux se connaitre c’st quand même une sacré belle clé pour avancer et se lier à d’autres personnes. C’est ça qui rend autonome. La connaissance de ses sentiments et l’écoute de l’autre.

Ca permet de voir qu’elle est sa part de responsabilité dans une situation donnée. Qu’est-ce qui vient de tes blessures que l’autre vient réveiller sans y penser et tu peux alors avancer. Trouver les pas pour danser dans cette intimité qui se co-crée.

L’amour de soi ne vient pas comme ça. Ne va pas de soi sur cette planète.

Actuellement, j’ai fait le bilan de ce travail de soin que je poursuis. En 3 ans, j’aurais dépensé 2500€, passé 90h en travail psy (estimation clairement à la baisse, qui n’inclut pas les stages d’auto-défense et les soins informelles données par les copaines).
Comment mesurer l’énergie que j’y ai mise ? Que j’y consacre encore, de ton mon coeurps ? Pour me penser autrement, pour panser mes plaies sereinement.

Le mâle tout puissant de notre société patriarcale ne m’a pas épargné. Et tout ce travail de soin est invisibilisé. A quoi bon l’amour de soi finalement ? Surtout en tant qu’homme. Tu n’as qu’à prendre l’amour, l’attention, l’affection que les femmes de ta vie te donne. Sans rendre des compte, habitude de la réception. Le don de soi, ce n’est pas pour toi.

J’aimerais que les hommes de ma vie, mes frères, mes pairs, mes amants, mon entourage entier et oui, j’ose rêver, les hommes du monde entier, perçoivent à quel point leur indépendance n’est que de façade vu que niveau autonomie et travail sentimental ils ne sont nulle part. Et que donc ils profitent de moi. Et de toutes les femmes de leur vie. Qui ont été éduquées/socialisées dans le soin de l’autre, l’écoute, la douceur. Les hommes récoltent le fruit du travail de soin des femmes alors qu’ils participent à semer les graines de nos mal-êtres. Celui de ne pas être eux donc d’être moins bien. Satanés mécanismes ingérés qu’on n’ose pas nommer. Sexisme intégré dans nos psychés. Impossible à déloger à sans y travailler, sans être accompagné.

C’est donc nos intimités que tout est joué. Dans ces zones qu’on ne veut parager parce que c’st intime. C’est là que se joue la politique. C’est là que se trouve la révolution.

Mon amour pour toi, homme de ma vie, est rêvolutionnaire. Si je choisis de continuer à entretenir une relation avec toi c’est parce que j’ai confiance que tu peux changer. Et même que tu souhaites aussi te libérer de ce poids que la société te fait porter. De ce masque d’indifférence sous lequel tu étouffes, sans souvent le remarquer. Que tu ne veux pas être un oppresseur et que donc tu vas prendre à coeur ta déconstruction. Oui, c’est du travail mais pas de ouin-ouin-isme.

Tu n’as pas choisi ce privilège mais tu hérites de cette responsabilité. A toi de jouer pour participer à remettre de l’égalité dans tes interactions avec les femmes de ta vie. Et puis moi je sais que je peux vivre sans toi en fait. Ca me ferait chier, hein, je rêve d’une vie en mixité et en égalité mais si tu ne souhaites pas changer, je m’en irai vers des contrées en mixité choisie.:-) Aussi, à partir de maintenant, je souhaite valoriser et visibiliser le travail de soin émotionnel que tu me demandes parfois de faire pour toi. Et de te demander de payer pour ça. Si tu ne vois pas de psy, ne compte plus sur moi faire le faire gratis. J’en ai marre de passer du temps et de l’énergie là-dedans. J’ai aussi des choses à racontrer, autre que m’échiner à t’aider à comprendre pourquoi tu te sens pas bien.

C’EST UN PUTAIN DE TRAVAIL QUE COMPRENDRE SES ÉMOTIONS, BORDEL.
JE GÈRE LES MIENNES, MERCI D’EN FAIRE PAREIL.

Ce qui m’enrage c’est parfois que je passe tellement de temps à donner de mon énergie à des hommes qui ne savent pas gérer leurs émotions que j’en ai plus pour mes soeurs qui sont dans la galère et dont personne ne prendra soin si ce n’est d’autres femmes.

Voilà ma facture pour les prochaines fois. La cup est pleine. Je ne veux plus de ce travail émotionnel invisiblisé. SI je le fais, c’est consciemment.

Merci d’en faire autant.

Mon amour pour toi est rêvolutionnaire, j’aimerais que le tien en soi autant. Prends soin. De toi et des autres.

Ps : si tu veux participer à mes frais de thérapie, n’hésite pas ! BE81 3101 4363 1424 😉

Pps : je suis une femelle blanche cis-genre dans un corps valide et standard, c’est donc plus facile pour moi que nombreuses de mes soeurx.s et j’en suis consciente. Al est clair pour moi que le problème c’est aussi que la masculinité toxique et globalisé est blanche et coloniale. La rêvolution sera intersectionnelle !

Ppps : c’est clair que le problème c’est aussi cette foutue hétérosexualité qui t’empêchent, à toi homme, de créer des liens authentiques avec des hommes sans crainte d’être « homo ». Si tu pouvais créer des relations sincères et à coeur ouverts avec tes pots, ça nous allègerait déjà pas mal 😀