Ô, toi, ma colère,
Je t’écris enfin une lettre
Une déclaration d’amour
Ça n’arrive pas tous les jours.
Longtemps, je ne t’ai pas aimée.
Je n’arrivais pas à t’apprivoiser
On m’a enseigné
Depuis que je suis petite fille
A surtout, ne pas t’exprimer.
Mais plutôt à te ravaler.
A te taire et te faire disparaitre
Dans les profondeurs de mon être.
Tu résonnais en moi
Fêlant mon inconscient
Cherchant à faire échos
A mes maux
Mais moi je te tournais le dos
Je n’avais pas les mots
Ni les codes
Pour te faire une juste place
A force de mise en garde
Contre ton pouvoir de destruction
Je t’ai mise en cage
Je pensais pour de bon
Et puis je t’ai comprise
J’ai senti ce que tu essayais de me dire
J’ai vu que tu étais ma force d’action
Celle qui me permettait d’agir sur le monde
La voix des limites franchies
Celle des frontières saines
Qui doit être exprimée
Pour être respectée.
Te taire n’a d’avantage que pour mes bourreaux
Pour les adeptes du statuts quo
Pour les lents changements
des petits colibris
Tu es une émotion tellement importante
Et tu n’es apprivoisée
que par une si petite partie de l’humanité
Trop souvent délaissée par celleux
qui auraient le plus besoin de t’invoquer
J’apprends lentement à t’écouter
Te ressentir et te dire
Tant pis pour l’image de la petite fille
Vive l’hystérique
si c’est comme ça que je dois être décrite.
Je crierai, je pesterai, je révolutionnerai
Mais ma manière de me lier à toi
dès aujourd’hui et jusqu’à ce que le silence nous sépare
C’est de te laisser parler.