Où est le sens ?

Où est passé le sens des mots ? Ça fait quelques temps que cette question me trotte dans la tête et je ne sais pas où trouver la réponse. J’ai la sensation que le sens des mots les a quitté, qu’ils sont maintenant pour certains vides de ce qu’ils devaient représenter et ça me fait grandement flipper.

Prenons par exemple le mot sans-papiers. Déjà, c’est quand même bizarre de l’utiliser pour définir des personnes sans spécifier que c’est ça l’objectif donc al serait plus juste de dire personnes sans-papiers. Ensuite vient la question de quels papiers ces personnes seraient sans. Parce que concrètement, des papiers, ces personnes en ont plus que moi et probablement beaucoup d’entre vnous. Annexes, formulaires, certificats, preuves, rendez-vous, annexes encore… Des feuilles et des feuilles qui s’entassent dans des dossier en vue d’obtenir un papier, un titre de séjour régulier. L’appellation sans-papiers n’a donc pas de sens. Le terme juste serait : personne sans titre de séjour. Ou esclaves modernes.

Ce terme là aussi serait plus juste pour décrire le traitement qu’on inflige aux personnes qui n’ont pas de titre de séjour. Elles peuvent travailler mais un travail sans contrat, sans protection sociale, sans rémunération juste, c’est de l’exploitation, encore une fois le sens se perd ! Elles peuvent habiter sur le territoire depuis des années mais en craignant le contrôle, en ayant la peur au ventre. C’est donc un mode de survie et pas de vie. Des esclaves modernes survivent à l’exploitation sur le territoire belge. Avec des mots justes, c’est une autre narration qui prend forme. Et les histoires qu’on se raconte influencent grandement notre propension à l’action.

Si dans l’histoire les protagonistes ont l’air d’être coupables de leur situation, rare sont les personnes qui souhaiteraient leur venir en aide alors que si les personnes sont victimes de mécanismes racistes, alors là peut-être qu’un plus grand nombre de personnes serait prêt à agir. Dans les mots qui perdent leur sens, action est également sur ma liste. Est-ce qu’une action en ligne a la même valeur qu’une action dans la vie réelle ?

Et si pas, comment est-ce qu’on fait pour arrêter l’incitation au like, partage et commentaires , qui font que ça constitue une action mais se faisant on peut avoir l’impression d’avoir fait sa part alors que concrètement rien n’a changé à part que le sujet a un peu gagné en visibilité. Et la visibilité est-ce qu’elle a du sens ? Sur des réseaux dont les algorithmes contrôlent l’étendu et la portée de ce qui est partagé, maintenant les informations dans des bulles aux étendues définies, l’information a du mal à toucher des personnes qui ne se sentent pas déjà concernées. Quelle énergie à essayer de visibiliser pour essayer que des personnes agissent et quelle déception quand leurs actions se limitent à la propagation de nouvelles. Peut-être parce que la vie virtuelle prend plus de place qu’elle fait plus de sens pour beaucoup.

Et là pour moi c’est encore une perte de sens. On parle de réseaux sociaux alors qu’une lettre permettrait de rendre plus juste ces sites, des réseaux Asociaux. Ou malgré toutes les bonnes volontés du monde, tu ne peux pas empêcher que ça modifie ta conscience de toi, ta confiance en soi. T’as remarqué comme c’est plus dur d’appeler, de passer des coups de fils ? Échange de phrases parfois de petits messages vocaux où tu n’as pas toute la richesse d’une réelle communication, une réception directe de ce que ton message provoque.

Soit, digression sur les réseaux, je reviens à ce qui me préoccupe. Les esclaves modernes de la Belgique sont occupé.e.s à lutter pour obtenir un titre de séjour régulier et aujourd’hui iels sont prêt.e.s à aller jusqu’à la mise en danger de leur vie. 8 jours qu’une gréve de la faim de plusieurs centaines de personnes a commencé. 8 jours que ces personnes déjà affaiblies par leur survie en Belgique, l’occupation des lieux à Bruxelles, ont maintenant franchi le pas de ne plus s’alimenter.La réaction en face est de la non-assistance à personnes en danger. Tellement peu de mots pour relayer leurs maux. La visibilité n’est donnée que très peu souvent à des sujets dérangeants. Et c’est le cas ici.

Ces occupations dérangent parce qu’elles poussent à reconsidérer ce qui a été normalisé. Une invisibilisation de personnes, de mécanismes racistes et ça nous questionne sur ce qu’on peut faire. Sur notre zone de connu. La Belgique a toujours connu la survivance des personnes sans titre de séjour sur son territoire. Ça ne l’a jamais dérangé puisqu’elle en profite. Et en même temps cette situation n’a pas de sens puisqu’elle en profiterait plus si les personnes étaient régularisées. Plus de taxes, plus d’impôts…

Ça n’a pas de sens de lutter, de mettre tellement d’énergie et d’argent pour arrêter la survivance de personnes qui sont ici depuis des années, des décennies et parfois qui sont nées ici. Enfin si. Le sens que ça a c’est le maintien d’une situation connue parce que l’inconnu fait peur encore plus que les changements en profondeur. Ça a du sens la protection des sensibilités blanches fragiles qui ne veulent pas encore voir les mécanismes racistes à l’oeuvre dans l’exploitation des personnes sans titre de séjour.

Ça a du sens de maintenir des apparences de contrôle parce que céder ce serait une acte de faiblesse et pas de justesse. Remettre de la justesse dans une situation injuste. Mais dans notre monde où la justice est en fait un système qui protège les riches, plutôt de la juriche ou justriche, et où la justesse est complexe à identifier parce qu’on est touz grandement déconnectæ de notre coeurps, qu’est-ce qu’on peut espérer ?

Moi, j’espère, j’aspire, à un éveil des mentalités, un réveil de la flamme intérieur de l’Humanité. La logique des glaçons est occupée à refroidir la flamme de nos âmes humaines. Dictée par la logique du profit et des algorithmes, notre Humanité est en crise. A l’intérieur de nos coeurs. Nos coeurs ne battent plus que de manière logique n’osant plus s’émouvoir ni ressentir ce qui fait sens. Probablement parce que le mot sens a perdu le sien, de sens.

Pour moi ce qui fait sens c’est ce qui est juste et ce qui est juste est lié au coeur et pas au mental. Des personnes sans titre de séjour régulier sont occupées à lutter avec leur vie pour l’obtention d’un changement dans leur situation et je ne sais pas si écrire ce texte a du sens ou non.

Pistes d’actions pour soutenir les personnes sans titre de séjour :

Vie tangible :
– Participer aux manifestations de soutien- Imaginer des actions créatives et directes: https://ilestencoretemps.fr/PetitGuideAutonomeCreatifEff…/
– Se rendre sur place pour écouter comment aider les personnes

Vie virtuelle :
– Partager, liker, commenter leur combat
– Signer la pétition : #wearebelgiumtoo: https://www.wearebelgiumtoo.be/…

Publié par feeniksrenee

Je m'appelle Fée-Niks Renée.

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