
Je me perds dans le vide de mes pensées. Pleines de ramifications en tout genre. Parfois, j’aimerais les chasser. D’autres fois, j’aimerais m’y loger. M’y lover. Ne pas être dérangé.e. Rester au chaud dans mon cerveau, à tergiverser, tourner, retourner, ce qui me déroute, me rend fou et espérer que de ces ruminations viennent une solution, la salvation. Plutôt que les déflagrations causées parles nouvelles nauséabondes de ce monde dirigé par des glaçons coupés de toute capacité d’introspection. Masculinité toxique hégémonique qui vante la dureté, la force et l’intransigeance comme qualité essentielle de l’homme moderne.
Quelles possibilités d’évolution donc quand c’est plus facile de changer de modèle de téléphone (et là, ça doit être au plus vite, ne jamais être dépassé) alors que quand ça traite de faire évoluer le schéma de penser, là, ça traine. Ca fait tellement flipper que ça bloque. Parce que ces messieurs tout puissants ont été élevés nourris, bercés avec cette idée qu’ils sont parfaits. Qu’al n’y a pas grand chose à changer chez eux, ils sont dans le camp gagnant. Alors toute critique et remise en question apportées, surtout lorsqu’elles sont portées par les femmes de leur entourage ou du monde ne sont que des illusions, des mirages, de ces personnes qui n’ont pas compris comment on dirige, comment on vit. « Je suis comme je suis, passe ton chemin si tu ne m’aimes pas et ne te plains pas. » Pétrin.
Nous sommes dans le pétrins avec des crétins bardés de diplômes et pourtant cancres numéro 1 en matière d’innovation sociale. Parce que le pouvoir qui découle de leur position leur rapporte trop de pognons que pour se remettre en question. Bloquer dans leur case dans laquelle n’importe que les chiffres. Peut importe ceux qui parlent des violences sur les personnes sexisées, du recul des droits des minorités, des attentats commis par des personnes blanches, peut leur importe la 6ième extinction de masse en cours, pourvu que le cours des choses leur permette de garder leur bourse pleine.Je déverse mon dégoût sur ceux qui peuvent se décharger en toute impunité parce qu’ils ont assez de thunes que pour s’acheter une justice favorable.
Je déverse mon dégoût sur ceux qui font sourde oreille aux appels à l’aide trop obnubilés par le chant des sirènes boursières.Je déverse mon dégoût sur ceux pour qui reconnaitre ses erreurs, s’excuser et demander comment réparer les torts causés sont un signe de faiblesse et non le b.a-ba d’une saine humanité. Ce ne sont pas les études qui manquent sur les effets de l’Empire actuel sur nos êtres.
Nous sommes en voie de glaciation profonde, l’Humanité en nous se tarit à mesure que l’Empire continue son emprise, dans cette même logique qui dicte nos vies. De croire qu’il détient la Civilisation. Que les solutions techniques nous sauveront.J’ai envie de faire la nique à tous ces bouffons. Pas pratique parce qu’ils sont légions et qu’ils ne méritent de moi, que la glaire que je laisse macérer dans l’attente de l’interstice fatidique où elle pourra voler, légère et fière, pour s’éclater, s’étaler de toute sa longue gluance sur le front d’un S.M, B.W., E.M, E.Z ou n’importe quel autre. Ils se confondent à s’y méprendre. J’en prendrai un pour exemple. Ca ne changera pas le monde, c’est sûr, mais ça me fera du bien.
En attendant cet attentat au crachat, en espérant le crash de ces attentistes technolubriques et nécrophiles, je tente avec les moyens du bord de forger une résistance à cette non-vie qui nous est imposée. L’avantage que j’ai sur eux, c’est que je ne crains pas la mort. Bien qu’elle me fasse peur, je ne la crains pas. Elle fait partie de moi, de ce que j’entreprends, et les pas que je pose et les gestes qui composent ma résistance sont imbibés de cette idée-là. Je mourrai un jour. Probablement plus tôt que ce que je le souhaiterai. Et ce jour pourrait-être ou peut-être demain, ça n’empêche rien. Ca remplit tout.
Tout ce que je touche, tout ce qui me touche, d’être rempli de vie. D’envies. Encore jusqu’à présent j’ai conscience de la chance et les privilèges qui me permettent de cultiver cette vie. Et la rage qui m’habite ne fait que décupler cet allant pour des changements. Pour que le carcan de non-vie qui étouffe nos vies se fissurent, que des brèches volées jaillissent une résistance étonnante, détonnante, face à la morbidité normalisée de nos existences. Je n’attendrai pas la fin du monde, ni de ma vie, les bras croisés. Je ne regarderai pas le monde se défaire, encore, en cors et en cœur de sa moralité, de ses valeurs, sans gueuler, sons protester. Je ne me prosternerai pas devant les nouvelles divinités : Culture, Technologie et Santé. Je sais quels masques elles portent : Abrutissement, Contrôle et Normalisation.
Je ne suis d’une goutte c’est sûr et dans l’océan de merde dans lequel on nage, la vie est dure. Y a des périodes avec et des périodes sans mais avant la période sang que laisse présager le bruit des bottes qui résonne (sans détonner, sans étonner) dans l’Europe actuelle, je me révèle : je suis bitchounours. Nouvelle génération d’humanité en transition, je suis hybride et je clame mon amour pour la révolution. Non, comme un rendez-vous, une date figée, un instant précis mais bel et bien comme un processus, une nécessité, chaque jour de résister. De trouver les us et coutumes à valoriser, protéger, partager, transmettre pour survivre au vent froid d’indifférence qui menace nos esprits et voile nos coeurs et lui opposer une résistance physique et psychique.
Bitchounours de mon con au bout de mes ongles, je ne compte pas le temps qui me sépare de l’extinction, cette question me remplissant plus d’inaction que de motivation, je me remplis de désir et d’espoir en comptant les personnes qui répondent à l’appel et répande la nouvelle : ceci ne s’appelle pas vivre. Expérimentons autre chose, testons, nous avons déjà tant perdu, nous ne pouvons rien attendre d’en haut. Les solutions ne pleuvent pas. Les expérimentations amènent des changements bien qu’elles fonctionnent à tâton. Y a pas de mode d’emploi tout fait pour sortir de la galère et de ce labyrinthe merdique. Juste à tester. Retour à l’empirique.
J’ai en tête l’Histoire, pas celle morcelée, biaisée qu’on m’a inculqué, celle que j’ai glanée ces dernières années à force de creuser pour comprendre ce qui m’entourait. Et c’est clair. Ce ne sera pas facile. Ce ne sera pas toujours doux. Mais c’est possible. Ceux qui ont écrit les prévisions de fin du monde avec pour corollaires non de susciter la colère (parce que ça mène à la révolte) mais l’attente de solutions toutes faites ne s’y attendent pas. Mais une résistance est en marche. Elle sera minoritaire (l’Histoire le dit aussi) mais elle existera. Elle existe déjà.
Au fond de moi, je garde ces pensées au chaud au fond de mon coeur. Je quitte mon carousel de pensées infinies et je continue à avancer. Sur une route pavée de lutte, je poursuis mon chemin. La tête haut, le front fière, la glaires prêtes. Messieurs les glaçon en fonction, vous n’êtes pas prêt. Ca va chauffer.